From February 26, 2025 to April 3, 2025

Galerie Tanit, Mar Mikhael, Beirut, Lebanon

It has been years since I have produced new artwork. I needed time and distance to process the events since October 17, 2019. During this period, I decided to let my body experience life without overthinking how to translate those experiences into ideas, shapes, objects, images, or sounds.

I believed that by changing the mediums I usually work with, I might discover different perspectives and new processes for grappling with my experiences. I still have many doubts, but I’m trying.

Sound has been a constant presence, particularly in recent months. When you aren’t the direct target of death, the sounds of aggression become overwhelming. They say, “When you hear the sound of the rocket, it means it didn’t kill you.” But for those of us who survived police bullets during the uprising, the port explosion, and Israeli attacks, how do we live with “Sound Terrorism”?

Traces” is an exhibition devoid of sound—a silent experience. In the center of the room, in dialogue with Michelangelo Pistoletto’s renowned “Cubic Meter of Infinity,” I present a reverse piece titled “Solitude in a Time of Catastrophe.” It invites you into a safe cube, where silence and mirrors reflect everything approaching you.

Surrounding the cube, the walls capture the “Traces” of a recent BDSM (bondage and discipline, dominance and submission, and sadomasochism) sexual act, where victims of catastrophe reclaim agency over their bodies. This concept of agency allows individuals to make choices about their bodies and assert control over their experiences, rather than feeling like passive victims. BDSM involves power exchange, with partners negotiating dominance and submission, transforming vulnerability into strength. Engaging in consensual BDSM activities is a manifestation of rejecting the external imposition of control over our bodies.

In parallel, I showcase diptychs from the “Jidar” series.

Do you recall the times we heard explosions and waited for the second one, reassuring each other, “Jidar, it’s only a break of the sound barrier”? Each diptych translates those sounds into images, capturing the champs and contre-champs that measure the physical space between the two sources of danger.

In this silent room, amid the traces of spaces, feelings, and desires, you roam, and your bodies reflected in the mirrors fill in for the missing bodies that have left the artworks.

By the end of this exhibition, I cynically propose a shield to protect Beirut and its inhabitants— “The Shield of Beirut”.

 

Artist Statement
ROY DIB

 


Roy Dib, Jidar (2025)

Dans Athar, Roy Dib présente un corpus d’œuvres qui témoignent de son vécu des événements politiques les plus récents. Ces événements, il les aborde en faisant un pas de côté, afin de pouvoir les regarder. Entièrement contenu dans ce décalage qui rend l’énonciation possible, le travail de Dib transpose la violence extrême et sa représentation problématique sur les éléments de son quotidien en temps de guerre. La sexualité et l’épreuve du son constituent les deux entrées dans le champ de cette expérience.

Ce n’est pas la première fois que les paradigmes de la sexualité, des limites et des frontières affleurent dans le travail de Roy Dib, comme autant d’accès pour construire un récit possible du moment actuel dans ce qu’il a de complexe et de difficilement appréhendable. Ici, la sexualité et les rapports de force qu’elle permet de performer, constitue la première entrée pour rendre compte du rapport du corps à la ville en contexte de violence. Traces (ou Athar) est donc une série de 20 photographies succédant à un épisode sexuel. Sans arrangement ni mise en scène, l’artiste donne à voir, en l’absence des corps, le lieu où s’est déroulée la rencontre et les objets qui y sont encore présents, comme autant de traces de ses désirs, de ses pratiques et de sa vulnérabilité dans ce contexte plus général.

L’expérience phénoménologique et les traces sonores de la violence constituent la deuxième réponse. Dans Jidar, il propose une série de vues prises en champ et contrechamp. Les deux plans constituent ensuite les deux volets d’un diptyque, un récit qui donne à imaginer le déploiement du son dans ce qu’on appelle « le mur du son » (ou jidar el sawt), c’est-à-dire sa redondance. Se trouvant littéralement entre les deux espaces, l’artiste donne à comprendre qu’il est également pris entre les deux moments constitutifs du « mur », l’entre-deux dans lequel se déploie également la tension dramatique de l’incertitude et de l’attente. Au centre de l’exposition, une espace cubique muni d’un casque suppresseur de bruits est une invitation à s’asseoir pour un moment de silence et de tranquillité loin du bruit de la guerre. De même que les trois boucliers attenant à cet ensemble qui ont également pour fonction d’éloigner le mal et de protéger la ville.

Comment raconter l’espace de la violence ? Comment faire le récit des temps catastrophiques ? Comment dire la solitude du corps ? Le travail de Roy Dib veut répondre à ces questions à travers une poétique de la trace, en invitant le regard à se déplacer vers les dispositifs de mise en récit que celle-ci permet de développer et qui rendent la narration envisageable.

Nayla Tamraz

Artists

Roy Dib