From July 15, 2015 to August 14, 2015

Galerie Tanit, Mar Mikhael, Beirut, Lebanon

Samir Müller, Aïn Zhalta 1953-2013

Samir Müller est de ces céramistes-potiers dont le travail silencieux rappelle les existences minérales d’un autre temps.
Faiseur de terre, alchimiste à sa manière, son langage céramique fait d’engobes et d’émaux questionne les formes épurées refermées sur elles-mêmes.
Un trou noir au centre, comme un œil aveuglé par l’espace infini, là au-dedans du corps céramique le vide reste mystère, inaccessible. Formes vertueuses détenant en elles la rigoureuse mémoire d’une fonction, leurs surfaces se font paysages abstraits, les corps sonnant tels des instruments font écho, peut-être, aux mélodies internes des atmosphères de cuisson qui les ont fait naître.

 

Joseph Abi Yaghi,

Le geste de tourneur de Joseph Abi Yaghi est une lecture en soi. A qui sait lire à la surface des bols le mouvement d’une main, découvrira sans nul doute l’épreuve de foi de son créateur. Abi Yaghi maitrise à la perfection le tour, l’intelligence de sa main, la finesse de son toucher engendrent des objets allégés d’une justesse sans pareil.
Comme une métaphore de corps poussés vers le haut, vers l’intemporel, l’immatériel, ses créations deviennent objets méditatifs, supports à l’imagination.
Ces corps céramiques à la palette chromatique limitées, çà et là peuplés de motifs répétés comme une seule requête monacale, sont prière personnelle qui résonnent et s’ouvrent à qui veut s’y joindre.

 

Les Dalo, duo formé en 2007

Dalo est une signature partagée par un duo de céramistes français, Daniel Derock et Loïc de Bailliencourt.
Inspirés par l’imagerie populaire, les Visages-idôles des Dalo s’inscrivent dans un monde imaginaire peuplé d’êtres sans nom. Muets peut-être, où du moins à la voix faible, ces identités de grés, mates, à la surface nue, nous rappellent ces visages stylisés de civilisations perdues qui susurreraient leur histoire à l’oreille de qui les regarde. Entre création utilitaire et décorative, les « sculptures mobilières » des Dalos teintées d’humour et de poésie font tout à la fois hommage et référence au grand renouveau de la céramique Française des années 1950 et 1960.

 

Michèle Assaf Kamel, Beyrouth 1948

Les pièces de grès de Michèle Assaf Kamel se jouent de la perception, face et dos composent une série de jeux pour toujours réinventer des formes ici animales là scripturales. Dans sa mythologie personnelle, si il est d’un alphabet imaginaire dont il est question ce serait celui s’inspirant des Phéniciens. Un alphabet inspiré sans doute de l’âge premier, mais dont chaque caractère serait oublié, sans traduction mais naturellement à double sens pour toujours faire forme pour toujours faire jeu.
Le registre semi-figuratif employé par l’artiste s’inscrit dans cette matière mate, terreuse, rugueuse pour un format à l’échelle de l’œil et de la main. Les corps de terre souvent se regardent par dessus leurs épaules anguleuses, comme pour appeler le sens de leur voisine et ainsi raconter le monde les unes avec les autres.

 

Souraya Haddad Crédoz, Beyrouth 1963

L’approche céramique de Souraya Haddad Crédoz tient d’un art de vivre et de percevoir le monde, d’une culture contemplative à part entière.
Les formes épurées, les lignes idéales construisent une œuvre en osmose avec les éléments. Chaque pièce tient ici d’une recherche approfondie du sens de la matière où les limites de l’équilibre sont questionnées. Accomplis dans leur instabilité les corps céramiques laissent émerger un nouvel ordre, où tout, déjà s’équilibrerait.
Le centre, le centre-souffle est point de départ. Le principe premier du tournage et de l’être, autour duquel l’œuvre se fait ou se défait pour insuffler la forme onirique, faire ligne végétale qui doucement s’élève de nos songes.
L’artiste concentre, maitrise, pour toujours retenir la pureté de ses intentions dans une écoute perpétuelle de la matière qui redonnerait du sens au geste et une valeur au temps.

Artists

Samir Müller

Joseph Abi Yaghi

Les Dalo

Michèle Assaf Kamel

Souraya Haddad Crédoz